1914/1918 Raisons de la boucherie
1914/1918 - Les Raisons
- Par Jean-Pierre Anselme via MEDIAPART
guerre5 11.2018 W
Selon l'historien Jacques R Pauwels, la guerre de 14-18 est la suite meurtrière de la lutte entre ceux d’en haut et ceux d’en bas initiée dès 1789. L'auteur de « 1914-1918 : la grande guerre des classes », enfin disponible en France, démontre que les grandes puissances mondiales voulaient depuis longtemps cette guerre pour s’approprier colonies et autres richesses et écraser une fois pour toutes les idées révolutionnaires qui gagnaient de plus en plus toute l'Europe. Entretien.
Autant se rappeler que l'histoire de l'HUMANITE c'est avant tout son histoire sociale
Le rédac de RIPOSTE
EXTRAIT
L’écrivain français Anatole France a dit à l’époque : « Nous croyons mourir pour la patrie, mais nous mourons pour les industriels. »
Jacques R. Pauwels.
On a convaincu les gens que c’était quelque chose de noble que de mourir pour la patrie. Le curé le disait, le bourgmestre le disait. Et les gens le gobaient.
Le curé et le bourgmestre n’étaient pas les seuls à le dire. Les partis socialistes eux aussi l’ont dit, juste avant la guerre.
Jacques R. Pauwels.
C’est en effet pourquoi tant sont partis à la guerre avec enthousiasme : parce que les socialistes le disaient aussi. Sauf dans quelques pays comme l’Italie. C’est d’ailleurs pour ça que les Italiens étaient moins enthousiastes vis-à-vis de la guerre.
Pourquoi les socialistes ont-ils viré de bord ?
Jacques R. Pauwels.
Jusqu’en 1914, la plupart des socialistes étaient encore révolutionnaires en théorie, mais plus dans la pratique. Ils avaient travaillé au sein du système à des améliorations et à des réformes : il y avait un peu plus de démocratie, on avait élargi le droit de vote, les semaines de travail étaient moins longues... Progressivement, les socialistes estimèrent que les choses commençaient à aller mieux.
Avec les bienfaits du colonialisme – faire travailler les noirs –, les travailleurs d’ici pouvaient être un peu mieux payés. De nombreux socialistes y voyaient donc un avantage. C’est ainsi que naquit ce que Lénine a appelé l’aristocratie ouvrière. Pour les simples travailleurs, les choses allaient mieux. « Faut-il encore faire la révolution ? », pensaient de nombreux socialistes. « Les choses vont plutôt bien comme cela, non ? ». Les dirigeants socialistes sont devenus de plus en plus bourgeois, ils faisaient partie du système. Le 21 juillet, ils ont pu aller serrer les mains au château...
Attention, tous n’étaient pas ainsi ! En Allemagne, il y avait des social-démocrates restés farouchement hostiles à la guerre, tout comme Lénine en Russie. Mais la majorité s’était assez embourgeoisée. Le sociologue allemand Robert Michels a étudié le SPD allemand à partir du début du XIXe siècle. La conclusion, c’est qu’une hiérarchie bourgeoise s’était développée au sein du parti ouvrier allemand. À terme, la direction du parti aurait eu bien trop à perdre avec une révolution. Ils voulaient ne pas perdre les bonnes choses qu’ils avaient obtenues. Finalement, ils se sont rangés du côté de la guerre.
Juste avant la guerre, les socialistes allemands s’étaient réunis avec le socialiste français Jaurès, entre autres, pour se prononcer contre la guerre.
Mais le lendemain, ils ont approuvé les crédits de guerre; Seule son aile gauche SPARTAKUS, Rosa LUXEMBOURG, K LIEBKNECHT notamment ont dénoncé la guerre impérialiste, soutenu la révolution russe et payèrent de leur vie leurs contributions à la révolution allemande.
FIN DE CITATION
Guerre7
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